Il mio grande amico Hervé Guerrisi, italo-belga, attore, regista e artista di grande valore ama tradurre testi letterari e teatrali dall'italiano al francese. Lo fa per passione e anche per professione. Io non conosco il francese, ma mi dicono che Hervé sa trovare le giuste parole per incastrare lingue diverse e farle suonare come si deve, tenendo insieme musica e significato.
Hervé mi ha fatto un regalo. L'ho trovato qualche minuto fa nella mia casella di posta elettronica. Ha tradotto per me il post "La guerra è dichiarata", dedicato al film omonimo di Valerié Donzelli, in uscita il 1 giugno in Italia. Un film che, come sa bene chi legge queste pagine, io ho visto in anteprima insieme a un gruppo di giornalisti lo scorso aprile e racconta in immagini molte delle cose che qui io provo a descrivere a parole.
Forse in francese a leggere questo post potrà essere la stessa Valerie, o i medici dell'Istituto di Oncologia pediatrica Gustave Roussy. La moglie di Hervé, Gaia, attrice di teatro e per me più che una sorella, ha scritto a Valerie una bellissima lettera per segnalarglielo.
Sarebbe bello se questo blog e quel film si sfiorassero un attimo, abbiamo pensato. Anche solo il tempo della lettura. E quindi ci abbiamo provato. Come facciamo sempre.
Sarebbe bello se questo blog e quel film si sfiorassero un attimo, abbiamo pensato. Anche solo il tempo della lettura. E quindi ci abbiamo provato. Come facciamo sempre.
Perché crediamo che fare rete sia una delle possibili strade per stare meglio e non sprecare il dolore.
Paola (insieme a Hervé e Gaia)
***
L'avant-première
d'un film vient d'avoir lieu en Italie. Un film spécial, réalisé
avec peu de moyens et une équipe de dix personnes. Un film français
présenté à Cannes en Août dernier. "Déclaration de Guerre"
est le titre enragé de cette histoire en équilibre entre cauchemar
et fable, qui semble inventée mais qui est bien vraie. Elle semble
parler de la mort mais chante l'amour et toutes ses notes.
Pour
nommer ses personnages, la metteur en scène Valérie Donzelli - qui
est aussi l'actrice principale et l'objet du scénario - ose une
acrobatie qui vole dans la Bible, le théâtre et la littérature.
Roméo, Juliette, Adam. Un père et une mère, fous d'un amour sans
pensées, et leur premier fils face à une aventure digne du premier
homme de la terre. Un couple amoureux et enthousiaste face à la vie
et un enfant à qui l'on découvre, au centre de la tête, ce qui
était dans le ventre du mien: Une tumeur maligne, inexplicable et
étrangère.
Tout
change. Se précipite, tombe, finit, recommence. Et c'est ce
changement de dimension que le film de Valérie dessine avec grâce
et courage, douleur et orgueil, dans les moindres détails.
Il
y a les premières suspicions de la maladie: Des vomissements, une
gonfleur en dessous de l'oeil, Adam qui essaye de marcher mais qui ne
tient pas debout. Il y a les mots des institutrices et du pédiatre:
tout est normal, ne vous inquiétez pas, chaque enfant est différent,
il grandit à sa façon, il a son rythme, sa route, ça va passer. Il
y a les premières vérifications à l'hôpital: des médecins qui
entrent par groupes, le tube de la perfusion qui ressemble à une
laisse, l'explication de l'anesthésiste, les analyses, les
infirmières, des portes qui s'ouvrent, se ferment, se rouvrent, des
civières qui viennent te chercher, le petit lit avec les barreaux et
les roues qui ressemble à une cage, ton fils à l'intérieur, toi
qui au lieu de lui tenir la main t'agrippe au fer glacé, le couloir
au sol vert eau, comme dans tous les hôpitaux, le cylindre d'acier
du scanner. Silence, un long son mécanique, lumière rouge
clignotante sur l'écran. Respiration. Mal au ventre. Lumière rouge,
encore. Encore le silence.
Puis
la sentence. La nouvelle qui t'attrape la vie par les cheveux, sans
raison, la piétine- casse les os, les projets, les rêves- et la
jette ailleurs. L'explosion, les morceaux de terre, douleur physique,
terreur, éclats de verre partout. Barrières autour de l'accident,
attention, défense d'entrer, de passer, de piétiner. Tu es pris
dans une embuscade mais tu voudrais te rendre immédiatement, parce
qu'au fond, mieux vaut en finir rapidement. C'est insupportable, tu
n'y arriveras pas. Puis tu cherches ton souffle, tu le trouves, tu te
relèves. Et tu comprends que la guerre est déclarée. Et tu n'y
échapperas pas.
Mais
la guerre ça s'apprend.
Il
faut apprendre à tirer, pour se défendre. A poser les bonnes
questions, à choisir sans conditions, à ne pas perdre de temps ni
gaspiller l'air.
A
protéger le coeur et la tête de tout ce qui vole bas et ne sert
pas. Il faut étudier la stratégie, construire patiemment un coin
avec des coussins, des draps, des couvertures et un beauty case pour
les journées dans les tranchées. Il faut organiser les troupes,
nommer les généraux, les lieutenants, chacun à son poste.
Et
il faut économiser l'eau, mais arroser l'amour. Se serrer fort
pendant que tombent les bombes. Dans le vacarme, on perd
l'équilibre, il faut être deux pour rester debout. On résiste, on
parle, on pense, on se corrige et se protège. On supporte. On attend
la fin d'une opérations de dix heures en lisant le journal et en
buvant du café.
A
deux, on réussit à rire pour ne pas succomber, on se relaie à
l'hôpital pour ne pas s'écrouler, on se partage les questions aux
médecins, on trouve la force d'aller à une fête, un soir, même si
il n'y a rien à fêter, rien à dire, rien à boire, rien à
expliquer. On est moins en danger si on reste complices et
indivisibles, du même côté, pour supporter la torture de rester
des mois devant la vitre d'une chambre d'isolement à côté de la
machine à café qui pue le brûlé, et regarder la ville qui au loin
vit encore et bouge. On perd son travail, et ça n'a pas
d'importance. La carte de crédit coupée en deux avec des ciseaux
parce que le compte est à sec, et ça n'a pas d'importance. Des
morts et des blessés sur le champ de bataille, dans le lit à côté
du tien, et ça n'a pas d'importance. Ton fils est sur un lit et
prend des litres de chimio au lieu d'être au parc, à l'école, chez
les grands-parents, sur les manèges. Et ça n'a pas d'importance.
Non, ça en a de l'importance. Et comment. Mais il est beaucoup plus
important de résister à ses côtés, sans broncher, parce que de
toute façon ça va finir, ça ne peut pas durer éternellement. Elle
finit, la guerre, Elle finit toujours, tôt ou tard.
Dans
le film de Valérie, il y a Jérémie et Gabriel Elkaim. Dans la vie,
ils sont son vrai compagnon et son vrai fils. Ensemble, ils sont les
rescapés d'un enfermement de trois ans et demi dans un Règne de OP
de France, qui est peut-être le plus avancé et à l'avant-garde
d'Europe: l’Institut de cancérologie Gustave Roussy. Le dossier
clinique de Angelo est passé par là aussi, pour une consultation
importante avant l'opération. C'est par là que passent les dossiers
cliniques des tumeurs infantiles les plus rares, complexes et aux
diagnostiques les moins heureux de toute l'Europe. Valérie et
Jérémie doivent la vie de leur Gabriel aux médecins du Gustave
Roussy. Gabriel avait un an et demi lorsqu'ils ont diagnostiqué une
tumeur cérébrale rhabdoïde qui sur papier avait 10% de chance de
guérison. Aujourd'hui, Gabriel a huit ans et la coupe au bol. Comme
tous les enfants de son âge, il aime Shrek, la Nintendo DS, il va à
l'école et est le premier de la classe en mathématiques.
"Déclaration
de Guerre" nous dit que tout cela s'est vraiment passé.
Ca
peut arriver. Et quand ça vous arrive de sortir la tête haute d'une
guerre comme celle là, ça vaut la peine de rembobiner et de le
raconter à ceux qui sont encore sous les grenades. Ca peut finir
bien. Ne vous laissez pas mourir quand le cancer fait feu. Au milieu
de la tête, de la poitrine, du ventre. Peut-être que la vie est
partie se cacher mais peut-être qu'elle reviendra. Il faut savoir
supporter l'insupportable. Il faut savoir attendre.
Devant
l'écran, on pleure du ventre et on rit du coeur. Le film est un
hymne à la vie, une invitation à la résistance, à la confiance, à
l'optimisme et à la lutte. Nanni Moretti et la Sacher le
distribueront en Italie à partir du mois de juin et promettent de le
maintenir en salle au moins tout l'été. Cherchez-le. Faites-vous ce
cadeau, sans peur. Si je n'avais pas écrit ce blog et si quelqu'un
m'avait demandé de raconter mon histoire, la manière dont je l'ai
vécue et comment je me suis sentie pendant ces derniers mois,
j'aurais tranquillement pu lui offrir un dvd du film de Valérie. Et
si j'avais pu traduire mes mots en images, je l'aurais fait
exactement comme cela.
Paola, del film ho saputo grazie a te, e anch'io nel mio piccolo ho fatto un po' rete...
RispondiEliminahttp://www.gianmarcodemaria.it/public/forum/viewtopic.php?f=43&t=2034
..e ora non vediamo l'ora di poterlo vedere anche da noi, giù giù giù:
http://www.gianmarcodemaria.it/public/forum/viewtopic.php?f=37&t=2166
grazie...
un sorriso!
francesco
io ho comprato il dvd, non l'ho ancora visto...
RispondiEliminaGrazie per avercelo segnalato! Io l' ho visto in francese ho riso e ho pianto... è stata un' esperienza dolcissima! Un abbraccio forte, a te e ai bimbi, dal profondo del mio cuore. Sara.
RispondiElimina